Aimons toujours! aimons encore!, in Les Contemplations, Victor Hugo (1802 - 1885)
Victor HUGO, d'après http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/6/67/Victor_Hugo-Casa_de_Camilo.JPG
Gentes Dames, gents Sieurs,
Bonjour!
Aujourd'hui, je vous propose de lire [de nouveau] le célèbre poème intitulé « Aimons toujours! aimons encore! » de l'illustre Victor HUGO, issu du recueil « Les Contemplations », du livre deuxième « L'âme en fleur » de la partie « Autrefois (1830 - 1843) ».
L'extrait qui suit provient de la collection GF, des éditions Flammarion:
Aimons toujours! aimons encore!
Quand l'amour s'en va, l'espoir fuit.
L'amour, c'est le cri de l'aurore,
L'amour, c'est l'hymne de la nuit.
Ce que le flot dit aux rivages,
Ce que le vent dit aux vieux monts,
Ce que l'astre dit aux nuages,
C'est le mot ineffable: Aimons!
L'amour fait songer, vivre et croire.
Il a, pour réchauffer le cœur,
Un rayon de plus que la gloire,
Et ce rayon, c'est le bonheur!
Aime! qu'on les loue ou les blâme,
Toujours les grands cœurs aimeront:
Joins cette jeunesse de l'âme
A la jeunesse de ton front!
Aime, afin de charmer tes heures!
Afin qu'on voie en tes beaux yeux
Des voluptés intérieures
Le sourire mystérieux!
Aimons-nous toujours davantage!
Unissons-nous mieux chaque jour.
Les arbres croissent en feuillage;
Que notre âme croisse en amour!
Soyons le miroir et l'image!
Soyons la fleur et le parfum!
Les amants, qui, seuls sous l'ombrage,
Se sentent deux et ne sont qu'un!
Les poëtes cherchent les belles.
La femme, ange aux chastes faveurs,
Aime à rafraîchir sous ses ailes
Ces grands fronts brûlants et rêveurs. -
Venez à nous, beautés touchantes!
Viens à moi, toi, mon bien, ma loi!
Ange! viens à moi quand tu chantes,
Et, quand tu pleures, viens à moi!
Nous seuls comprenons vos extases.
Car notre esprit n'est point moqueur;
Car les poëtes sont les vases
Où les femmes versent leur cœur.
Moi qui ne cherche dans ce monde
Que la seule réalité,
Moi qui laisse fuir comme l'onde
Tout ce qui n'est que vanité,
Je préfère aux biens dont s'enivre
L'orgueil du soldat ou du roi,
L'ombre que tu fais sur mon livre
Quand ton front se penche sur moi.
Toute ambition allumée
Dans notre esprit, brasier subtil,
Tombe en cendre ou vole en fumée,
Et l'on se dit: « Qu'en reste-t-il? »
Tout plaisir, fleur à peine éclose
Dans notre avril sombre et terni,
S'effeuille et meurt, lis, myrte ou rose,
Et l'on se dit: « C'est donc fini? »
L'amour seul reste. Ô noble femme,
Si tu veux, dans ce vil séjour,
Garder ta foi, garder ton âme,
Garder ton Dieu, garde l'amour!
Conserve en ton cœur, sans rien craindre,
Dusses-tu pleurer et souffrir,
La flamme qui ne peut s'éteindre
Et la fleur qui ne peut mourir!
Buste de Victor HUGO à L'Assemblée nationale et extrait de son discours portant sur l'Europe, d'après Wikimedia commons
Gentes Dames, gents Sieurs,
Je vous remercie d'avoir accordé un peu de votre vital et ô combien précieux temps à la lecture de ce modeste article.
A très bientôt!