Antonin ARTAUD (1896 - 1948), Messages révolutionnaires
Gentes Dames, gents Sieurs,
Bonjour!
Aujourd'hui, je vous propose de lire [de nouveau] un extrait des « Messages révolutionnaires », de l'écrivain dramaturge Antonin ARTAUD, publié dans le dossier (à la fin de « Lorenzaccio », d'Alfred de MUSSET, collection folioplus classiques, éditions Gallimard), rédigé par Olivier BARA.
Ce dernier est agrégé de lettres modernes et docteur en études théâtrales de l'université de la Sorbonne-Nouvelle.
A côté de ses études consacrées à la littérature romantique, il développe des recherches sur le théâtre et l'opéra au XIXème siècle.
Chez Gallimard, il a publié une lecture accompagnée du « Père Goriot » de BALZAC (collection « La Bibliothèque Gallimard »).
L'art a pour devoir social de donner issue aux angoisses de son époque. L'artiste qui n'a pas ausculté le cœur de son époque, l'artiste qui ignore qu'il est un « bouc émissaire », que son devoir est d'aimanter, d'attirer, de faire tomber sur ses épaules les colères errantes de l'époque pour la décharger de son mal-être psychologique, celui-là n'est pas un artiste.
Tout comme les hommes les époques ont un Inconscient. Et « ces parties obscures de l'ombre » dont parle SHAKESPEARE ont aussi une vie à elles, une vie propre « qu'il faut éteindre ».
A cela servent les œuvres d'art. [...]
Or, tous les artistes ne sont pas en mesure de parvenir à cette sorte d'identification magique de leurs propres sentiments avec les fureurs collectives de l'homme.
Et toutes les époques ne sont pas en mesure d'apprécier l'importance sociale de l'artiste et cette fonction de sauvegarde qu'il exerce au profit du bien collectif.
Le mépris des valeurs intellectuelles est à la racine du monde moderne.
En réalité, ce mépris dissimule une profonde ignorance de la nature de ces valeurs.
Mais cela, nous ne pouvons perdre nos forces à le faire comprendre à une époque qui, chez les intellectuels et les artistes, a produit en grande proportion des traîtres, et, dans le peuple, a engendré une collectivité, une masse qui ne veut pas savoir que l'esprit, c'est-à-dire l'intelligence, doit guider la marche du temps.
Gentes Dames, gents Sieurs,
Je vous remercie d'avoir accordé un peu de votre vital et ô combien précieux temps à la lecture de ce modeste article.
A très bientôt!